Alain Dumas sculpte l’ardoise. Ce matériau, il l’a découvert voilà 10 ans dans les ardoisières de Travassac et d’Allassac; depuis, il le chérit pour sa matière, sa couleur, la force qui s’en dégage, même à l’état brut. Les blocs qu’il emporte n’ont aucun intérêt pour l’entreprise de la famille Bugeat, avec qui il collabore. Le sens, c’est lui, artiste, qui le donne, le façonne. L’exposition “Cœur d’ardoise”, présentée à l’occasion des journées du patrimoine, est à découvrir à la chapelle Saint-Libéral, jusqu’au 19 octobre. Entrée libre. Infos: 05.55.74.41.29.
Dans le travail du sculpteur Alain Dumas, il est beaucoup question de sens: la vue, le toucher, l’ouïe ont une véritable importance. De fait, en pénétrant dans la chapelle Saint-Libéral, il n’y a pas que les sculptures d’ardoise qui attirent l’attention. Il y a aussi le bruit apaisant de l’eau qui coule, calmement. De prime abord, on ne perçoit pas l’origine du son. C’est en entrant plus avant dans l’espace que l’on tombe nez à nez avec la sculpture nommée Source. Organisée en carré, elle présente deux stèles. “Traditionnellement, la fontaine est un lieu de rencontres, d’où la présence de ces deux stèles qui figurent cette rencontre. Plus qu’un jaillissement, cette fontaine est suintement de forêt, murmure de la nature”, confie celui qui ne cache pas son intérêt, son amour même, pour une nature qui fait figure de muse dans son travail.
Une douzaine des sculptures d’Alain Dumas sont en ce moment exposées dans la chapelle. Certaines sont de véritables installations comme Les Gardiens du temple, une pièce imposante créée en 2009 pour une exposition et qu’il n’a depuis jamais présenté de nouveau; d’autres sont monolithiques. Reste que chacune d’elles est empreinte de force, semble renfermer un mystère, que l’artiste n’intervienne que discrètement sur la matière, déjà belle par elle-même ou qu’il la mêle à d’autres. “Si l’ardoise possède déjà de la force dans son état brut, le travail de l’artiste lui apporte un sens, et c’est cela qui la change en œuvre d’art”, explique-t-il. Les sculptures d’Alain Dumas présentent l’ardoise dans une infinité de possibles: parfois, les arêtes du matériau apparaissent dans leur brutalité tranchante, d’autres fois, la dureté de l’ardoise est enveloppée par la dimension aérienne du cuivre martelé ou juxtaposée avec le scintillement d’un marbre du Portugal voluptueux. L’artiste qui aime le contraste n’a pas peur des paradoxes, des alliances; au contraire, il va à leur rencontre et sait aussi créer le contraste en polissant certaines facettes de ce matériau protéiforme, pour un rendu tout en sensualité.