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Agathe Roubert : une vie américaine

Ce devait être une parenthèse d’une année. A 16 ans, la lycéenne était partie découvrir l’Amérique, le temps d’une terminale… L’aventure se prolonge toujours, cinq ans après. Agathe Roubert vient d’obtenir, à 21 ans, son bachelor universitaire et après un été en famille, elle repartira pour un master… et peut être plus. Rencontre entre deux cultures.

Elle parle français avec une pointe d’accent qui la ferait passer pour une canadienne, cherche par moments ses mots et s’amuse en racontant sa belle expérience. “Lorsque je réfléchis ou je rêve, c’est en anglais maintenant”, explique-t-elle de retour à Brive. Voilà 5 ans qu’Agathe vit, étudie et travaille aux Etats-Unis, ne revenant qu’à Noël et l’été. Elle n’avait que 16 ans lorsqu’elle a décidé de partir pour une année d’échange. “J’avais envie de connaître leur système scolaire qui laisse plus de choix aux élèves. Comme j’avais de bonne notes en anglais, je pensais que je me débrouillerais…” Et il y a eu la réalité, au sein d’une famille du Nouveau-Mexique: “Ils avaient un fort accent, je ne comprenais rien.

Après un mois d’intégration, la jeune fille rejoint sa vraie famille d’accueil dans l’Ohio. “C’est grâce à eux que ça s’est bien passé par la suite car ils ont été énormément présents et très motivés. J’étais comme chez moi et je n’ai pas souvenir d’avoir connu de moments difficiles. Je ne me suis jamais sentie loin, abandonnée.” Côté lycée: “le système est plus personnalisé, on choisit les cours et il y a plus d’options.” Il ne lui en fallait pas plus pour tomber sous le charme de cette Amérique “accueillante” où tout relève du possible… D’autant que la jeune fille poursuit un rêve: travailler dans le médicolégal et “là-bas, le cursus est bien identifié.”

Elle obtient donc son graduation examen. “Leur bac est extrêmement facile, honnêtement. C’est un système d’unités de valeurs, par semestre. Le niveau en maths et sciences est moins élevé qu’en France, ce qui m’a permis de me focaliser sur l’apprentissage de la langue.” En France, sa famille se laisse convaincre par sa détermination de poursuivre en université, avec l’éloignement affectif et l’investissement financier que cela suppose. Quitte à ce qu’elle passe l’année suivante son bac français cette fois en candidat libre, ce qu’elle fera avec mention assez bien. Tout en suivant les cours de sciences médicolégales à l’Eastern Kentucky university.

“Plus jeune, je regardais les séries Les ExpertsCold caseFBIJulie Lescaut…” Là aussi, la réalité va la rattraper: “Je me suis rendue compte que je passerais des heures dans un laboratoire tous les jours, sans connaître le contexte de l’enquête or c’est le côté investigation qui me plaisait.” Au cours de sa 2e année, elle va bifurquer en chimie pour s’ouvrir d’autres débouchés. “C’est ce qui est bien aux Etats-unis, on peut toujours basculer d’orientation.” Sans ralentir pour autant son cursus de 4 ans qu’elle vient d’achever en mai dernier par un Bachelor of sciences (l’équivalent de la licence), avec réception du diplôme comme il se doit en toge, toque et photo pour la postérité.

A la rentrée, destination un autre état, le Massachussets cette fois, pour un master en nutrition et chimie, en deux ans. Toujours en travaillant parallèlement. “J’avais deux bourses qui comblaient la moitié des études et je travaillais aussi dans un restaurant sur le campus pour financer la vie de tous les jours, la collocation. En master, je vais travailler comme assistante d’un professeur. J’ai déjà fait assistante de recherche les deux dernières années. Sur un CV, c’est une ligne de plus mais ça compte énormément.” Déterminée et énergique, Agathe trace son chemin.

Pendant longtemps, j’ai hésité entre cuisine et médecine légale“, sourit-elle. “Maintenant, je voudrais étudier la nutrition dans son rapport à la santé. Il y a beaucoup à faire par exemple dans le traitement contre le cancer, les problèmes cardiaques… Aux Etats-Unis, un tiers de la population est obèse et un autre tiers en surpoids…” Où sera sa vie professionnelle? “Aujourd’hui,, je ne sais pas. Je pourrais postuler en France comme aux Etats-Unis…” Pour l’instant, Agathe profite de vacances bien méritées à Brive et à Bordeaux, tout en travaillant dans un restaurant et puis elle repartira Outre-Atlantique. “Ma vie est là-bas désormais. Mes amis aussi. Ça me fait toujours un peu bizarre lorsque je reviens. Ici, les espaces sont plus petits, mais les gens mieux habillés. Aux Etats-Unis, on peut se vêtir n’importe comment pour aller en cours”, compare-telle en vrac. “C’est comme pour se dire bonjour: là-bas, on se fait des accolades très fortes, on se prend dans les bras, mais jamais d’embrassades…” Entre deux cultures.

Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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