Très ému, l’écrivain marocain a reçu hier soir le Prix de la langue française décerné par la Ville de Brive pour son roman choc Le bastion des larmes. Un des grands succès de cette rentrée littéraire dans lequel il revient sur ses thèmes favoris : la pauvreté, l’homosexualité, les fractures sociales… Et s’affirme en défenseur de ceux que l’on rejette.
Le prix lui a été attribué “quasi à l’unanimité au premier tour” par un docte assemblée d’Académiciens français, Goncourt, écrivains et journalistes, a expliqué Antoine Compagnon qui en fait partie et chargé hier soir de proclamer le prix. “Un écrivain qui brusque la langue. Un livre courageux qui explique son enfance et un bel hommage aux sœurs”, a-t-il salué, lui aussi ému car le lauréat a été son étudiant à La Sorbonne.
“Franchement, c’est un rêve”, s’est aussitôt exclamé Abdellah Taïa après que le maire Frédéric Soulier lui eut remis son prix. “Quand j’étais étudiant à Rabbat, nous citions les œuvres d’Antoine Compagnon dans nos commentaires composés, c’était la référence. Je vais appeler toutes mes sœurs pour leur raconter.” Il en a huit et c’est elles que le lauréat honore à travers son onzième roman salué également par le Prix Décembre.
“Ce courage, il me vient de mes sœurs totalement libres. Je suis devenu écrivain avec leurs voix qui s’entrechoquent tout le temps. Je ne suis pas né dans la langue française, c’était celle de l’élite. Je viens de la langue arabe. La langue française est un espace qui peut accueillir la langue des autres, les imaginaires des autres, l’homosexualité des autres”, a t-il clamé à l’assistance qui l’a fortement ovationné.