L'actualité en continu du pays de Brive


À Firmin Marbeau : le temps des maîtres

On l’appelle toujours « école » bien qu’elle soit fermée depuis 1989. Elle n’en continue pas moins d’abriter l’Association des anciens élèves qui lui dédie ce samedi 14 mars une exposition rétrospective sur plus d’un siècle. De 10h à 17h, accès par la cour, avenue Bourzat. Entrée gratuite.

Photo de classe 1937-1938.

Sa façade principale à l’architecture futuriste pour l’époque est tournée sur l’avenue Firmin-Marbeau. Ce fut l’une de ces écoles publiques avec des maîtres « hussards noirs » de la République, attachés à inculquer une instruction laïque et citoyenne. Créée en 1907, elle en vu passer des générations de garçons qui ont éculé sur ses bancs une blouse grise obligatoire (la mixité n’y pointa son nez que 71 ans plus tard, en 1978). Effluves d’un autre temps, celui des craies chantant sur le tableau noir, de la règle aussi prompte à désigner un point qu’à rectifier l’erreur de gamins en sabots ou souliers hauts, shorts de rigueur sur genoux cagneux. Un antan révolu dont témoignent toujours les traditionnelles photos de classe, carnets de notes et cahiers d’appel qui vont égrener l’exposition commémorative.

« Une extrême urgence »

Face à l’augmentation constante de la population, la décision fin 1906 d’ouvrir cette école aura relevé d’une « extrême urgence ». L’unique école de garçons, implantée sur le boulevard Général-Marbot (aujourd’hui Jules-Ferry), précise une délibération de l’époque (registre 1D26), accueillait près de 600 élèves, une moyenne de 60 par maître, bien au-delà des 40 fixés par les règlements d’alors. « Les petites classes comptent plus de 80 garçons sous la direction d’un seul adjoint », cible le conseil municipal qui juge la situation « contraire à l’hygiène. Dans ces conditions, les enfants ne peuvent recevoir raisonnablement les soins que réclame leur éducation ».

Afin de rééquilibrer avec l’ouest de la ville, les élus achètent le terrain Dussol, entre les avenues Firmin-Marbeau et Bourzat, pour y construire une école de garçons de quatre classes. Mais « l’urgence » est telle qu’il n’est plus possible d’attendre la construction et quelques mois plus tard, l’école s’installe provisoirement avec ses 250 enfants dans l’ancien couvent de Sainte-Ursule.

Inaugurée par un ministre

Ce n’est qu’en 1909 que l’école entre véritablement dans ses murs pour être inaugurée par le ministre des Colonies d’alors, Georges Trouillot. Une triple inauguration « dans un festival de musique et gymnastique » qui vit aussi celle de la proche Caisse d’Épargne et de l’école du Pont Cardinal. Plus tard, l’école fut associée à sa voisine Paul de Salvandy qui se chargeait des petites classes. Tout Firmin Marbeau qu’elle se nomme (Firmin Marbeau, né Brive en 1798, est le fondateur des crèches en France. Cet homme politique, jurisconsulte et philanthrope, travailla infatigablement jusqu’à sa mort en 1875 en faveur de l’enfance et des œuvres de bienfaisance), elle est encore souvent appelée « école Chirac », car elle eut parmi ses directeurs un prénommé Louis-Joseph, grand-père du futur président de la République. Bien des maîtres y ont éveillé les consciences de garçons et, dans sa dernière décennie, des filles, même si la façade portera toujours cette mention “École publique de garçons”. La plus que centenaire aura traversé les soubresauts de l’histoire avec quelques réquisitions : le régiment d’infanterie y aurait cantonné en 1915, des réfugiés en 1940…

« L’école a fermé en 1989, mais elle n’a pas disparu », assure Bernard Lanici, président de l’Association des ancien(e)s élèves créée dès 1991. L’Éducation nationale n’a d’ailleurs jamais vraiment quitté les lieux : il y eut le Centre d’information et d’orientation et encore aujourd’hui les inspections de Brive Urbain et Rural. Le Centre municipal d’arts plastiques s’y est installé en 2017. Également les bureaux du cinéma Rex. L’âme d’antan, surtout, y perdure à travers cette association d’anciennes et d’anciens qui regroupe une quarantaine d’adhérents. « Tous les milieux sont représentés, preuve s’il en est du creuset social que constituait cette école de la République. »

Pour rejoindre les ancien(ne)s élèves de Firmin Marbeau : 09.81.41.17.31.

Cinq dates à retenir

  • Octobre 1906 : achat du terrain pour la construction
  • Mars 1907 : création de l’école dans l’ancien couvent de Sainte-Ursule
  • Septembre 1909 : inauguration par le ministre des Colonies Georges Trouillot
  • Septembre 1978 : la mixité fait sa rentrée
  • 1989 : fermeture de l’école

 

 

Marie Christine MALSOUTE, Photos : Diarmid COURREGES

Marie Christine MALSOUTE, Photos : Diarmid COURREGES

Laisser un commentaire

trois × quatre =