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Les photographes font leur marché

Les photographes reviennent sur les lieux... De gauche à droite Sylvain Marchou, Stéphane Canarias, Ameline Rigal et Arnaud Maitrepierre

Aujourd’hui jeudi, c’est jour de marché à la Guierle ou place Thiers. Ce même marché que onze photographes ont arpenté pour l’ouvrage Au marché de Brive la Gaillarde édité par l’Office de tourisme. Lors de la présentation lundi matin, nous avons demandé à 5 d’entre-eux de choisir leur photo préférée qui a été publiée dans le livre et de revenir sur leur démarche. Si différentes que soient leurs réponses, elles convergent toutes vers ce qui fonde l’âme d’un marché, au-delà des produits, des couleurs: l’humain. Qui se traduit à chaque fois par des rencontres aussi insolites qu’émouvantes. Regards croisés.

Arnaud MaitrepierreArnaud Maitrepierre, photographe amateur

“Le charme des marchés brivistes, c’est la présence des producteurs. C’est ce lien direct qui m’a séduit et qui donne de formidables scènes de vente, des portraits. Une quinzaine de mes photos figurent dans le livre, mais si je devais en choisir une, ce serait celle qui ouvre le thème des va et vient. Elle reflète assez mon approche: j’aime beaucoup travailler sur la lumière et l’effet de mouvement, ce côté esthétique lié au temps de pose. Mon émotion passe par là. J’ai du mal à prendre les gens et pour ce livre, il a fallu que je me fasse violence. Ça m’a valu de belles rencontres. J’ai discuté comme ça avec le plus ancien du marché, on a parlé pendant deux heures. Il s’est livré, m’a raconté plein d’anecdotes… Incroyable! J’aime bien aussi les photos de déballage et de remballage, ce sont des moments plus intimes.”

"va et vient". Arnaud Maitrepierre

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Sylvain Marchou, son Rolleiflex... et un véloSylvain Marchou, photographe professionnel à Brive magazine

“J’ai tout d’abord porté mon regard sur les gens à vélo, aux abords du marché. Comme un travail d’approche! Pour rompre avec les codes de mon travail, j’ai utilisé un appareil Rolleiflex. Ça oblige à une attitude humble, tu te penches pour faire la photo, comme si tu remerciais la personne qui t’offre cet instant. Tu ne vises pas, tu n’es pas chasseur comme avec les autres appareils et il n’y a pas la même rapidité. En plus, il n’y a que douze photos sur la pellicule et tu ne peux pas changer la sensibilité pour chacune comme avec du numérique, c’est une contrainte, tu n’es pas sûr de ça va donner. Mais tu passes plus inaperçu, ça permet de saisir d’autres choses. C’est une quête de l’instant décisif: il y a des gens qui traversent la foule, tu les reçois, ils te subjuguent, ils ont une puissance. Comme Roland, 83 ans, ancien topographe ayant fait l’Afrique, une rencontre magique. Il a d’abord refusé d’être photographié et le samedi suivant il a accepté. Il est devenu comme une égérie, c’est le premier qui m’a donné ce que j’attendais dans ce geste de lever la main. Depuis, on se rencontre tous les samedis, on prend le café ensemble.”

Roland le doigt levé. Photo Sylvain Marchou

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Ameline Rigal. Photo Diarmid CourrègesAmeline Rigal, photographe amateur

“Je rentrais de deux ans passés à Tahiti où j’avais fait une série de photos du marché de Papeete. Là-bas, les produits régionaux m’ont beaucoup manqué. C’est donc avec plaisir que j’ai participé à cet ouvrage parce qu’il m’a permis de renouer avec le marché que je connais depuis toute petite. Mais avec un regard particulier puisque je m’y promenais avec mon appareil photo et non pas un panier. Selon mon inspiration, l’ambiance, les heures où j’y allais… J’aime les gros plans, les détails… J’ai pris beaucoup de produits. Les photos que je préfère ne figurent pas dans le livre. J’ai fait tout une série sur les mains qui transmettent la marchandise, rendent la monnaie… alors si je devais en choisir une ce serait la seule retenue, où l’on voit une dame comptant sa caisse dans une boîte en fer. C’est celle qui représenterait le plus mon travail.

Photo Ameline Rigal

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Patrick Fabre regarde le livrePatrick Fabre, photographe professionnel

“Je ne voulais pas faire la même chose qu’il y a une quinzaine d’années, lorsque j’avais monté mon expo photos. Autant à cette époque, j’étais sur les personnes, en noir et blanc argentique. Autant pour cet ouvrage, mon regard s’est porté sur la matière, les animaux… les couleurs qui se réinventent dans l’image numérique. J’ai mis en parallèle des scènes d’hier et d’aujourd’hui, des photos qui se complètent, se répondent, comme entre la photo hier d’un accordéoniste et celle aujourd’hui d’un dindon déployant ses ailes, ou ces dames qui parlent, là il y a de l’humour…  C’est un drôle de dialogue à des années d’intervalle, presque une histoire entre passé et présent, celle de regards, de complicité, de tendresse, d’attente…”

Patrick Fabre

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Pierre Austruit

Pierre Austruit, photographe amateur de l’atelier photographique briviste au centre Raoul Dautry.

“Ma photo préférée publiée? Ça va être simple, je n’en ai qu’une qui a été publiée: un gros plan d’un stand avec des herbes et des épices. Photo de Pierre AustruitElle a dû être recadrée car j’ai eu du mal à la reconnaître. Il faut dire que je l’avais prise il y a un petit moment, à l’occasion des foires grasses. Elle n’a rien d’original. Il n’y a rien qui ressemble plus à un marché qu’un autre marché. J’ai beaucoup de photos de marché mais à l’étranger, lors de mes voyages. A quelque chose près, les denrées sont toujours un peu les mêmes. Ce sont des lieux particuliers, des lieux de rencontres où se croisent toutes les catégories sociales. Ce qui fait l’identité d’un marché, ce sont incontestablement ses têtes qui changent d’un pays à l’autre.”

Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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