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Quand Brive se fait muse, avec Jean-Paul Malaval (1/9)

L'auteurQu’ils plantent le décor de leur narration à Brive et dans le Limousin ou qu’ils appartiennent au courant de l’Ecole de Brive, nombreux sont les écrivains à puiser dans l’histoire de la ville et dans son terroir pour composer leur roman. Pour le lecteur, c’est alors l’occasion de lever le voile sur la ville et la région telles qu’elles l’étaient autrefois et de pénétrer dans un dédale d’histoires soit enracinées ici soit produites par un mouvement qui en est issu. Cette semaine, nous vous proposons de découvrir Les Encriers de porcelaine de Jean-Paul Malaval, réédité cette année aux Presses de la Cité.

Augusta Maupin est la nouvelle institutrice de Chèvreroche, un petit village corrézien. Jeune normalienne, elle s’apprête à prendre son premier poste en cette rentrée des classes de 1935. Tandis qu’elle a été formée aux nouvelles méthodes d’éducation baignées de valeurs républicaines, la jeune et belle femme, au caractère bien trempé et aux idéaux qui ne supportent pas l’hypocrisie, va se heurter à des habitudes, des traditions et surtout au maire et au curé du village qui entendent bien continuer à se partager l’autorité et la morale. Tout cela dans un contexte post-crise: 1929 n’est pas loin, 1936 non plus d’ailleurs, tant espéré par certains, si redouté par les autres.

Livre malavalAvec cet ouvrage, Jean-Paul Malaval évoque – et c’est le cas dans plusieurs de ses ouvrages – une société en marche, entre tradition et mutation. Ici, le trublion est incarné par la jeune institutrice désireuse de faire de ses écoliers des hommes libres quand le maire demande juste à ce qu’elle en fasse “de bons français”. Est-ce là vaine illusion? Augusta parviendra-t-elle à chambouler l’immobilisme ambiant à une époque où dans les campagnes, la rentrée des classes pouvait encore être repoussée pour l’unique motif que les enfants finissent les travaux aux champs?

L’histoire qui croise les grands faits et les petites querelles locales est l’occasion de redécouvrir les mouvements sociaux qui ont précédé l’arrivée au pouvoir du Front populaire mais aussi la politique politicienne locale avec ses opportunistes, ses rêveurs, ses hommes d’action ou bercés de douces illusions. Les Encriers de porcelaine sont enfin l’occasion de se balader dans le Brive des années 1930. On y redécouvre avec plaisir la place du Civoire et sa fontaine, le théâtre, ses grands cafés, “à deux pas du canal et de la Guierle où les amoureux aimaient se retrouver tard dans la nuit”. Si l’Histoire a révélé le résultat des législatives de 1936, le roman ne révèle qu’à celui qui le parcourt, les suites du combat pris à bras-le-corps par l’institutrice qui a contre elle de bien puissants ennemis.

Jean-Paul Malaval, Les Encriers de porcelaine, aux éditions Presses de la Cité, 2011. 285 pages. 18,50 euros.

Sur ce même sujet:

– Quand Brive se fait muse, avec Louis-Olivier Vitté (4/9)

Quand Brive se fait muse, avec Jean-Paul Malaval (3/9)

– Quand Brive se fait muse, avec Claude Michelet, (2/9)

Jennifer BRESSAN

Jennifer BRESSAN

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