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TVA à 5,5% dans la restauration: pour quelles contreparties?

tva-plat-jourLe taux de TVA dans la restauration va être abaissé à 5,5%. Il faudra patienter un mois de plus avant d’en connaître les modalités précises d’application. Mais il n’est pas certain, comme le demande l’Elysée, que les clients voient pour autant baisser l’addition ou que le secteur se mette à embaucher.

Réactions de restaurateurs et de clients.

Ce n’est que fin avril, à l’issue des états généraux de la restauration que le taux de TVA définitif aurait dû être annoncé. Mais une semaine après avoir obtenu le feu vert de Bruxelles, l’Elysée a donc tranché pour un taux à 5,5% et non entre 10 et 12% comme le suggérait plutôt Bercy.

Reste, et le président Sarkozy en fait “une question de crédibilité de la parole politique”, que cette baisse ne pourra se faire sans contreparties et des “engagements clairs” en matière de création d’emplois et de salaires. Un donnant-donnant dont il ne sera pas facile de mesurer le respect.

Café au comptoirActuellement assujettis à 19,6%, les restaurateurs ont finalement bataillé sept ans avant d’obtenir “leur” taux à 5,5%. Doivent-ils s’en réjouir? En tout cas, les consommateurs attendent que cette mesure se traduise concrètement par une baisse des prix, “surtout en ces temps de crise”, dénonce Christiane dont l’éloignement domicile-travail l’a contraint à déjeuner en ville. “Même en faisant très attention, mon budget repas du midi pèse de plus en plus lourd. Et je ne peux pas tout le temps me contenter d’un sandwich.” Didier, lui, est catégorique: “J’espère que le prix du café va aussi baisser. Je l’ai même vu à 1,30 euro. C’est excessif!” En fait, à Brive, le prix de café en terrasse peut varier de 1 euro à 1,60 euro

“Contrairement à ce qu’on lui fait croire, il ne faut peut-être pas que le consommateur s’attende à une baisse de tous les prix”, modère Remy Labarrière qui a repris il y a six mois le bar L’Univers. “Je ne suis pas contre d’offrir au client le meilleur prix, mais on ne peut pas vendre moins cher que l’on achète. On avisera le moment venu. Je pense plus que la mesure va nous donner un peu d’air par rapport à la pression des charges. Pour moi, cette TVA à 5,5% va éviter à certains de devoir augmenter les prix pour faire face. Elle va aussi peut-être permettre de maintenir des emplois qui étaient précaires.”

Service en sallePrudent, Philippe Coste du Café de Paris y va lui aussi de son bémol: “Tant que le cadre n’est pas défini, on ne peut pas se prononcer. On ne sait pas encore quelles mesures vont s’appliquer, quels produits seront concernés, si les aides dont nous bénéficions par ailleurs vont être supprimées… Ce que l’on peut gagner d’un côté, on risque de le perdre de l’autre…” Et d’ajouter: ” Ce n’est pas parce que la TVA va baisser à 5,5% que cela va influer sur le prix d’un plat à 7 euros. Cela peut plutôt aider les entreprises à se stabiliser.” Comme pour abonder dans son sens, Magali Legrand de la brasserie Garden Ice qui fait tourner vingt personnes, relève que “nous n’avons pas attendu que la TVA soit à 5,5% pour embaucher lorsque nous en avions besoin”.

Pour Amédée Leymarie, le patron d’Amédélys, il n’y a là que “justice” par rapport aux sandwicheries, kébabs et restauration à emporter, concurrents directs déjà assujettis à ce taux. “Il y aura une répercussion  sur les prix. Ce sera la moindre des choses. On pourra passer le menu du midi de 10 euros à 9 euros. Faire baisser le prix du café de 1,20 euro à 1,10 euro. Ou alors, pour le même prix, proposer une amélioration de la qualité. Par exemple, cela peut nous permettre de travailler avec les producteurs locaux dont les produits sont un peu plus chers que ceux de la grande distribution.” Des petites évolutions dont le chef espère qu’elles lui amènent de la clientèle. “Les gens sortent toujours. Ils font seulement plus attention au rapport qualité-prix.”

Même son de cloche enthousiaste du côté du Pastis. “Moi, je dis un grand oui à cette mesure”, clame le patron Stéphane Tiberghien. “J’espère qu’on a enfin fini de manger le pain noir dans la restauration. Ça fait quand même 14% en plus tous les mois dans le chiffre d’affaires. C’est bien que ce ne soit pas toujours les mêmes qui bénéficient d’un “cadeau”. Surtout pour une petite structure comme la nôtre qui affiche des petits prix. Si j’avais eu trois employés, je ne dis pas, par rapport aux charges, ça n’aurait rien changer. Mais là, ça va fatalement se retrouver dans les prix proposés.”

Des réactions dans toutes les teintes. Reste donc à attendre des précisions sur les modalités d’application et les garanties sur lesquelles s’engagera le patronat. Cela suffira-t-il à satisfaire le gouvernement, les organisations syndicales et les clients?

Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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